Internet :
la première édition du e-G8 s’ouvre
à Paris
24/05/11 à 07:06
Les géants de l’internet mondial se retrouvent mardi matin pour la première édition d’un « e-G8 » consacré aux enjeux du numérique dont les débats, qui se tiennent jusqu’à mercredi soir, vont alimenter le sommet du G8 de Deauville (27-28 mai).
C’est Maurice Lévy, PDG du groupe Publicis chargé par la présidence française d’organiser l’événement, qui accueillera les participants à 10H00 (8H00 GMT) au jardin des Tuileries, en plein coeur de la capitale française.
Le président de la République Nicolas Sarkozy prononcera dans la foulée le discours d’ouverture du Forum.
Facebook, Google, eBay ou encore Microsoft: la quasi-totalité des grands noms de l’internet ont fait le déplacement et vont défendre leur vision de la Toile et du modèle économique à mettre en place pour assurer son développement et sa pérennité.
Quatre séances plénières vont rythmer la journée: lors de la première session consacrée à « Internet et la croissance économique », la ministre de l’Economie française Christine Lagarde interviendra aux côtés des dirigeants d’eBay, de Vivendi, Rakuten (Japon), Google ou encore Alcatel Lucent.
Suivront des tables-rondes consacrées à « Internet et la société », « le futur d’Internet » et « la propriété intellectuelle ».
La commissaire européenne chargée des nouvelles technologies, Neelie Kroes, ouvrira les débats lors de la journée de mercredi, et l’intervention du fondateur de Facebook Mark Zuckerberg précèdera le débat de clôture. Dans la journée, deux séances plénières, sur l’innovation et la transformation digitale, seront suivies par des ateliers thématiques.
Ce e-G8 a été voulu par Nicolas Sarkozy, président en exercice du G8, en préparation du traditionnel sommet des chefs d’Etat et de gouvernement, où l’internet figure pour la première fois à l’ordre du jour.
A l’issue du forum, une délégation d’intervenants ira porter à Deauville un résumé des débats pour « faciliter la réflexion des chefs d’Etat », selon Maurice Lévy.
Les grands noms d’Internet
à Paris pour l’e-G8
Avant le sommet de jeudi et vendredi, à Deauville, la présidence française du G8 rassemble les stars de l’économie numérique. Leur secteur pèse déjà aussi lourd que l’agriculture dans certains pays industrialisés.
Dix-huit coprésidents de l’e-G8 (dont douze sponsors de la rencontre, organisée par Maurice Lévy, PDG de Publicis) iront à Deauville. Ils porteront un message aux chefs d’État qui doivent consacrer une heure à Internet, jeudi.
Le même poids que l’agriculture. Internet au menu de la grand messe économique, c’est assez légitime quand on sait que la toile a contribué pour 21 % à la croissance de treize pays industrialisés, selon l’étude Mc Kinsey réalisée pour l’occasion. En 2009, 3,4 % du Produit intérieur brut passait par Internet. Autant que le secteur de l’énergie ou celui de l’agriculture. La France (3,2 %) figure loin derrière la Suède (6,3 %). À noter que les trois quarts de cette activité sont réalisés par les industries traditionnelles, un quart seulement revenant aux sociétés exclusivement Internet. Une étude du cabinet Coe-Rexecode, dévoilée, lundi, par le quotidien Les Échos, souligne qu’en Europe, Internet est à l’origine d’un quart de la croissance alors qu’il en représente la moitié aux États-Unis. L’Europe n’étant pas assez innovante, 70 % des sociétés de services Internet sont aujourd’hui américaines.
Miser gros sur la fibre optique. Que retirera le G8 des recommandations des forces vives d’Internet ? Printemps arabe aidant, le rôle de la toile dans les libertés individuelles devrait être encouragé. Mc Kinsey conseille pour sa part de favoriser l’économie numérique par la commande publique, la formation et le soutien aux infrastructures. Dans ce domaine, le développement de la fibre optique sera particulièrement stratégique. Coe-Rexecode calcule que le déploiement de cette technologie permettant l’Internet à très haut débit coûterait deux milliards d’euros par an à la France pendant dix à quinze ans, mais pourrait en rapporter quatre (0,2 point de croissance).
Les géants du web réunis
à Paris pour le premier e-G8
Ce e-G8 a été voulu par Nicolas Sarkozy, président en exercice du G8, en préparation du traditionnel sommet des chefs d’Etat et de gouvernement, où l’internet figure pour la première fois à l’ordre du jour.
Paris réunit les géants de l’internet mondial mardi 23 et mercredi 24 mai pour la première édition d’un « e-G8 ». Tous les plus grands noms se retrouvent ainsi pour débattre des enjeux du numérique dans l’économie, la société et les médias ont pour objectif de nourrir le G8 de Deauville (27-28 mai) De Facebook à Google en passant par Amazon et e-Bay… Ils vont tous défendre, lors d’une série de tables-rondes et d’ateliers, leur vision de la Toile et du modèle économique à mettre en place pour assurer son développement et sa pérennité.
Ce e-G8 a été voulu par Nicolas Sarkozy, président en exercice du G8, en préparation du traditionnel sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du cénacle, où l’internet figure pour la première fois à l’ordre du jour.
A l’issue du forum, au Jardin des Tuileries, une délégation d’intervenants ira porter à Deauville un résumé des débats pour « faciliter la réflexion des chefs d’Etat », a indiqué à l’AFP Maurice Lévy, P-DG de Publicis, chargé par l’Elysée d’organiser ce sommet.
L’impact d’internet sur la croissance
« L’internet est un phénomène majeur de notre époque qui n’a jamais été traité comme tel dans le cadre du G8 ou d’un autre grand sommet international. Le souhait des chefs d’Etat est d’entendre les personnalités de premier plan du monde de l’internet sur leur vision pour l’avenir », indique la présidence française.
Au programme des débats figurent les thématiques récurrentes pour les acteurs du secteur, comme l’impact d’internet sur la croissance, le problème du respect de la vie privée et de la propriété intellectuelle, ou encore le développement des réseaux face à l’explosion des débits.
Le ministre français de la Culture Frédéric Mitterrand souhaite pour sa part que les entreprises de l’internet puissent « contribuer bien davantage à financer la création », a-t-il expliqué.
Pour autant, le e-G8 peut difficilement déboucher sur des annonces concrètes au niveau mondial concernant des sujets sensibles et stratégiques, comme le stockage d’informations personnelles, ou le financement de nouvelles infrastructures.
Une vision purement économique
Certaines associations, comme l’altermondialiste Attac, vont même plus loin en dénonçant la vision purement économique du e-G8 et le fait que la société civile et les utilisateurs d’internet ne sont pas représentés.
« Ce Forum est un écran de fumée. Sous couvert d’un processus pseudo-consultatif, c’est la volonté affichée par les gouvernements de contrôler un peu plus internet qui se profile », déplore Jérémie Zimmermann, porte-parole de l’organisation citoyenne La Quadrature du Net.
Si internet peut embarrasser Etats et gouvernants, comme l’ont montré les révélations du site Wikileaks, c’est un tout autre visage de l’internet que l’Elysée veut mettre en avant.
« Le thème de la liberté sur internet aura une dimension fondamentale » lors du G8, affirme ainsi la présidence française. « Il est clair que l’internet sous toutes ses formes a joué un rôle probablement décisif, que ce soit dans la révolution tunisienne ou dans la révolution égyptienne », selon elle.
« Internet est un élément de liberté et d’émancipation politique et sociale absolument incontournable. Les pays du G8, qui sont des démocraties, doivent apporter un soutien sans réserve à cette dimension », insiste l’Elysée.
(Challenges.fr)
Jean-Bernard Lévy : «Vivendi vit un tournant majeur»
Mots clés : Jean-Bernard Lévy, Vivendi
Par Enguérand Renault, Paule Gonzales
21/04/2011 | Mise à jour : 14:58 Réagir
Le président du directoire du groupe explique ses nouvelles orientations stratégiques.
ENTRETIEN Ce matin, Vivendi tient son assemblée générale au Carrousel du Louvre, à Paris. L’occasion pour son président, Jean-Bernard Lévy, de revenir sur les récentes opérations stratégiques menées par le groupe de télécoms et médias. Le rachat, début avril, de la totalité du capital de SFR marque la fin d’une époque. L’ancienne Générale des eaux avait été transformée en Vivendi Universal par Jean-Marie Messier. Ce groupe était alors un holding, souvent minoritaire, de participations hétéroclites : télécoms, télé, cinéma, Internet, musique… Après avoir traversé une grave crise d’endettement en 2002, Jean-René Fourtou puis Jean-Bernard Lévy ont radicalement restructuré le groupe.
LE FIGARO . – Le rachat à 100 % de SFR est-il un tournant dans l’histoire de Vivendi ?
Jean-Bernard LÉVY. – Depuis sa création en 1987, nous n’avions jamais eu seuls le contrôle de SFR. Jean-René Fourtou, à son arrivée, en a compris l’importance stratégique et il s’est battu dès 2002 pour que Vivendi achète la participation mise en vente par BT. Ce n’est que tout récemment que Vodafone, notre partenaire depuis l’origine, a accepté l’idée de vendre sa part. Fin 2009, nous lancions la cession de notre participation de 20 % dans NBC Universal, et il y a à peine trois mois que nous l’avons concrétisée. Le produit de cette vente nous a permis de négocier et d’assurer l’achat des 44 % de SFR détenus par Vodafone. C’est un tournant majeur pour Vivendi. Il marque l’achèvement d’une longue phase de restructuration et de simplification. En moins de dix ans, Vivendi a vécu une profonde transformation.
Quelle est votre nouvelle stratégie ?
D’abord, Vivendi a renforcé ses métiers pour en faire des leaders mondiaux ou nationaux. Ensuite, d’un conglomérat nous avons fait un groupe industriel, contrôlant tous ses actifs et sans participation minoritaire. Enfin, en achetant GVT au Brésil, nous sommes allés chercher de la croissance. Désormais, nous mettons l’accent sur la croissance organique par l’innovation interne, en développant de nouveaux produits et services.
Cette opération est-elle financièrement intéressante ?
C’est une très bonne opération pour nos actionnaires et je suis convaincu qu’ils l’apprécient. Avec 100 % de SFR, nous avons un meilleur accès à sa trésorerie, et surtout une forte augmentation du résultat de Vivendi : plus de 400 millions d’euros en 2011, plus de 600 millions d’euros en 2012 et 2013, 350 millions d’euros en 2014. Ce rachat nous rapportera donc 2 milliards d’euros de profits supplémentaires en quatre ans. En conséquence, nous prévoyons de faire progresser notre dividende en 2012. Cependant, le dividende augmentera moins vite que le profit, car notre taux de distribution, actuellement de 64 %, est parmi les plus élevés.
Allez-vous racheter les minoritaires de Canal + et d’Activision Blizzard ?
Pour notre filiale Activision Blizzard, numéro 1 mondial des jeux vidéo, la cotation aux États-Unis donne de la visibilité et montre la vraie valeur de la société. Elle permet aussi de mettre en place les meilleurs systèmes de rémunération des talents qui fondent le succès de ce type d’entreprise. S’agissant de Canal +, notre accord avec Lagardère repose sur un schéma assez simple : ou nous nous mettions d’accord sur le prix d’acquisition des 20 % qu’il détient dans Canal + France, ou il peut mettre cette participation sur le marché boursier. L’opération de gré à gré ayant échoué, Lagardère a lancé puis interrompu l’introduction en Bourse. Nous n’avons pas rouvert de négociations avec Lagardère.
Vivendi apparaît désormais comme un groupe de télécoms. Allez-vous conserver les contenus ?
Je récuse la pertinence de la classification entre télécoms et médias. Pour moi, elle relève de l’organisation des marchés au siècle dernier. Aujourd’hui, nous vivons dans une continuité dans la chaîne de valeur jusqu’au consommateur numérique : création de contenus, plates-formes de services et d’applications, infrastructures de réseaux. Vivendi a un atout unique, c’est qu’il est présent à toutes les étapes de cette chaîne. Récemment, la valeur s’est concentrée sur les plates-formes comme Google, Facebook, iTunes. Nous avons, nous aussi, nos propres plates-formes spécialisées qui répondent parfaitement aux attentes des consommateurs : ainsi de World of Warcraft dans les jeux vidéo, de Vevo dans la musique, de Canalsat dans la télévision. Nous continuons résolument à créer et développer des plates-formes, à enrichir nos prestations, pour ne pas être réduits au simple rôle de «tuyaux stupides» où certains voudraient nous cantonner.
Pensez-vous créer des plates-formes qui seront les Facebook ou Twitter de demain ?
D’expérience, ce n’est pas dans les grands groupes que se créent les réseaux sociaux comme Facebook, Twitter ou leurs successeurs. Notre présence dans les plates-formes répond à une logique de savoir-faire et de déplacement des frontières au-delà de nos cœurs de métier. Notre mission est de labourer davantage nos terrains de compétences, sur nos métiers et sur nos territoires.
Avez-vous l’intention de créer davantage de synergies entre télécoms et contenus ?
Le groupe n’a pas besoin de se justifier par des synergies artificielles. En revanche, nous développons des projets communs à nos activités, au coup par coup. Par exemple, Universal Music et GVT ont créé une offre de musique numérique au Brésil, SFR vend les offres Canal + dans ses 820 boutiques, Maroc Telecom et Canal + travaillent ensemble sur des bouquets de télévision payante en Afrique. Je crois aux synergies quand elles peuvent créer des offres supplémentaires, et donc de la croissance supplémentaire.
LE FIGARO